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Numéro 83 de la lettre d’information Digital Watch – octobre 2023

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Cover image of the Digital Watch newsletter titled: Le numérique à l'AGNU 78, with a drawing of the speakers at the UNGA, and an artificial brain, representing AI, writing a report

Observatoire

Coup d’œil : quelles sont les nouvelles tendances en matière de politique numérique ?

Géopolitique

La Commission européenne a publié une liste préliminaire de quatre domaines technologiques à haut risque en raison de leur utilisation abusive par des régimes autocratiques et des violations des droits de l’homme ; les experts estiment que cette liste vise la Chine. De l’autre côté de l’Atlantique, alors que Washington envisage d’imposer des restrictions supplémentaires aux exportations de puces, les entreprises américaines continueront à vendre des puces à la Chine, mais pas les plus perfectionnées. Le conseil chinois du commerce a appelé les États-Unis à reconsidérer les règles limitant leurs investissements dans le secteur technologique chinois. Le conseil affirme que les restrictions sont floues et ne font pas la différence entre les applications militaires et civiles.

Gouvernance de l’IA

Les pays du G7 ont convenu de créer un code de conduite international pour l’IA qui établirait des principes pour la surveillance et le contrôle des formes avancées d’IA. Dans le même ordre d’idées, le Japon (qui préside actuellement le G7) et le Canada ont publié des codes de conduite volontaires à l’intention des entreprises qui développent l’IA. 

Cette initiative s’inscrit dans la tendance récente qui consiste à utiliser des lignes directrices facultatives jusqu’à ce que des réglementations soient adoptées.

L’autorité britannique de régulation de la concurrence, la Competitions and Markets Authority (CMA), a proposé sept principes pour encadrer le développement et le déploiement des modèles fondateurs de l’IA (technologie formée à partir de vastes quantités de données pour effectuer un large éventail de tâches et d’opérations). Enfin, les États-Unis ont annoncé leur intention de présenter prochainement à l’ONU une proposition de normes mondiales pour l’utilisation de l’IA militaire.

Sécurité

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a édicté huit règles d’engagement à l’intention des cyberpirates qui participent à des conflits, les avertissant que leurs actions peuvent mettre des vies en danger. Ces règles interdisent notamment les cyberattaques visant des civils, des hôpitaux et des installations humanitaires, ainsi que l’utilisation de logiciels malveillants ou d’outils similaires susceptibles de nuire à des cibles tant militaires que civiles.

Infrastructure

La Commission fédérale des communications (FCC) des États-Unis prévoit de rétablir les règles relatives à la neutralité de l’Internet qui ont été abrogées en 2017. La présidente de la FCC, Jessica Rosenworcel, a annoncé que la FCC proposait de reclasser le haut débit sous le titre II de la loi américaine sur les communications. Cela donnerait à la FCC plus d’autorité pour réglementer les fournisseurs d’accès à Internet, y compris la capacité d’empêcher les opérateurs de ralentir ou d’accélérer le trafic Internet vers certains sites web.

Huawei, le géant chinois de la technologie, a intenté une action en justice devant un tribunal de Lisbonne contre une résolution du Conseil de cybersécurité du Portugal (CSSC), qui interdit aux opérateurs d’utiliser leurs équipements dans les réseaux mobiles 5G à grande vitesse.

Économie de l’Internet

La Commission européenne a désigné six contrôleurs d’accès – à savoir Alphabet, Amazon, Apple, ByteDance, Meta et Microsoft – comme gardiens en vertu de la loi sur les marchés numériques (DMA), à l’issue d’une procédure d’examen de 45 jours. La désignation porte sur un total de 22 services de plateforme de base fournis par ces entreprises.

Dans un autre domaine, Amazon a temporairement obtenu une victoire dans une affaire concernant sa classification en tant que très grande plateforme en ligne (VLOP). Le tribunal de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), à Luxembourg, a, en réponse à la requête d’Amazon, accordé des mesures provisoires, entraînant le report de certaines obligations au titre de la loi sur les services numériques (DSA). Cette décision intervient alors que des mesures strictes ont été prises dans le cadre de la loi sur les services numériques de l’UE (DSA), affectant 19 grandes plateformes en ligne et moteurs de recherche.

Les pratiques anticoncurrentielles (présumées) des grandes entreprises ont été sous les feux de la rampe le mois dernier. La Commission fédérale du commerce des États-Unis (FTC) et 17 procureurs généraux d’État ont poursuivi Amazon pour comportement anticoncurrentiel présumé. Le procès intenté par le ministère américain de la Justice contre Google, l’une des plus grandes affaires antitrust depuis des décennies, a débuté le 12 septembre 2023. Ce procès se concentre sur les activités de recherche de Google, qui seraient « anticoncurrentielles et discriminatoires », permettant à l’entreprise de conserver un monopole sur le marché de la publicité numérique. Dans une autre affaire concernant également Google, l’entreprise a annoncé un règlement provisoire aux États-Unis sur des allégations de monopole concernant la plateforme d’application Play Store.

La Commission européenne a recueilli de manière informelle des avis sur les pratiques potentiellement abusives de Nvidia, a révélé Bloomberg. Cela intervient après que l’autorité française de la concurrence a effectué une « inspection surprise […] dans le secteur des cartes graphiques », dont il a été révélé qu’elle impliquait Nvidia.

Droits numériques

Le commissaire irlandais à la protection des données a confirmé une amende de 345 millions d’euros (370 millions de dollars) à l’encontre de TikTok pour avoir enfreint les lois européennes sur la protection de la vie privée concernant le traitement des données personnelles des enfants. L’Administration nationale américaine des télécommunications et de l’information (NTIA) sollicite l’avis du public sur les risques liés à l’Internet pour les enfants et sur les moyens de les atténuer.

La loi sur la gouvernance des données, essentielle à la stratégie européenne en matière de données, est entrée en vigueur le 24 septembre 2023, avec pour objectif principal de faciliter l’échange sécurisé de données entre les secteurs et les membres de l’UE, en améliorant notamment l’utilisation des données du secteur non public.

Reporters sans frontières (RSF) a appelé le public à participer à la rédaction de la Charte de l’IA afin de clarifier la position de la communauté journalistique sur l’utilisation extensive des technologies de l’IA sur le terrain.

L’organisme norvégien de surveillance des données espère étendre ses amendes journalières d’un million de couronnes norvégiennes (93 000 USD) pour violation de la vie privée à l’encontre de Meta dans l’ensemble de l’UE et de l’Espace économique européen (EEE). Il appartient maintenant au Comité européen de la protection des données (CEPD) d’évaluer la situation.

Politique de contenu

Une cour d’appel fédérale américaine a étendu les limites de la communication de l’Administration Biden avec les plateformes de médias sociaux à l’Agence américaine pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures (CISA). Cette décision réduit considérablement la capacité de la Maison-Blanche et des agences gouvernementales à s’engager avec les plateformes de médias sociaux sur des questions de modération de contenu.

L’UE a mis en garde les principales plateformes de médias sociaux contre le non-respect de la loi sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) récemment adoptée pour lutter contre les fausses informations.

Développement

L’UE a publié son rapport sur la Décennie numérique, qui préconise des mesures pour atteindre les objectifs de la Décennie numérique d’ici à 2030.

De nouvelles données de l’UIT montrent que l’accès mondial à l’Internet s’est amélioré en 2023, avec plus de 100 millions de nouveaux utilisateurs dans le monde.
Le sommet du G77 a adopté la déclaration de La Havane, qui met l’accent sur la science, la technologie et l’innovation, et décrit les actions futures du G77.

LES CONVERSATIONS DE LA VILLE – GENÈVE

Lors de la 54e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies (CDH), un groupe de travail a discuté de la cyberintimidation à l’encontre des enfants, examinant le rôle des États, du secteur privé et des parties prenantes dans la lutte contre la cyberintimidation et l’autonomisation des enfants dans la sphère numérique. En outre, le Conseil a présenté un rapport de synthèse sur le rôle de la maîtrise du numérique, des médias et de l’information dans la promotion et l’exercice du droit à la liberté d’opinion et d’expression lors de la 53e session. Le Conseil a également examiné un rapport sur l’impact des nouvelles technologies destinées à la protection du climat.

Le Forum public 2023 de l’OMC s’est concentré sur le rôle du commerce dans la promotion d’un avenir respectueux de l’environnement, notamment sur le thème suivant : « La numérisation en tant qu’outil pour l’écologisation des chaînes d’approvisionnement ». Plus de 20 sessions ont été consacrées aux outils numériques et à leurs impacts.

La 8e session du Dialogue de l’OMPI s’est penchée sur l’IA générative et la propriété intellectuelle. Pendant deux jours, six groupes de discussion ont abordé les cas d’utilisation de l’IA générative, le contexte réglementaire, les préoccupations éthiques concernant les données d’apprentissage, la paternité, la propriété du travail créatif et les stratégies pour naviguer dans la propriété intellectuelle en matière d’IA générative


En bref

Le numérique à l’AGNU 78

Le débat général de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) est une plateforme mondiale où les dirigeants du monde entier se réunissent pour aborder certaines des questions les plus urgentes auxquelles l’humanité est confrontée. L’un de ces sujets cruciaux est l’impact des technologies numériques.

Lors du débat général de l’AGNU 2023, 94 intervenants, dont le secrétaire général de l’ONU ainsi que des représentants du Saint-Siège et de l’UE, se sont penchés sur des thèmes numériques.

Ce résultat (94) représente une augmentation significative par rapport à notre première analyse en 2017, lorsque 47 pays s’étaient exprimés sur des sujets numériques. Sept ans plus tard, ce chiffre a doublé pour atteindre 94. Cette forte augmentation souligne la reconnaissance croissante de l’importance primordiale des technologies numériques aux plus hauts niveaux du discours diplomatique.

Dans un contexte plus large, les discussions liées à la technologie numérique représentaient 2,51 % de l’ensemble du corpus textuel produit lors des discours de l’AGNU 2023.

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Nombre global d’intervenants mentionnant les questions numériques

Le débat général de 2023 a vu une augmentation substantielle des mentions de l’IA dans les déclarations nationales. Sur les 467 130 mots prononcés pendant le débat, 6 279 concernaient l’IA, ce qui confirme sa position de sujet numérique le plus fréquemment abordé. Ce regain d’intérêt peut être attribué, en partie, à l’attention généralisée suscitée par le lancement de ChatGPT.

L’IA a fait l’objet de 39 discours lors de l’AGNU 78, ce qui témoigne de son importance croissante. Toutefois, les dirigeants ont également exploré d’autres sujets liés au numérique, notamment le développement numérique (44), la cybersécurité (23), la politique de contenu (7), les considérations économiques (4) et les droits de l’Homme (6).

IA. L’évolution rapide de l’IA a suscité des inquiétudes quant à ses risques potentiels, du déplacement d’emplois aux cybermenaces. Si certains intervenants ont souligné le potentiel de transformation de l’IA dans les domaines de la santé et de l’éducation, beaucoup ont insisté sur la nécessité d’une gouvernance éthique et d’une coopération internationale. Un consensus s’est dégagé sur l’urgence de réglementer l’IA, de s’attaquer à ses applications militaires et d’établir des normes mondiales. Le rôle des Nations unies dans la facilitation de ces discussions et la promotion d’une utilisation responsable de l’IA a été un thème récurrent, avec des appels en faveur d’un Pacte numérique mondial et de la création d’une agence internationale de l’IA.

Développement numérique. Les dirigeants ont souligné la nécessité de combler la fracture numérique, de réduire les inégalités et de garantir un développement numérique inclusif. De nombreuses nations ont plaidé en faveur d’une coopération internationale par le biais d’initiatives telles que le Pacte mondial pour le numérique, afin de relever collectivement ces défis. L’importance des technologies numériques pour atteindre les objectifs de développement durable et favoriser la solidarité mondiale est un thème commun aux dirigeants.

Cybersécurité. L’évolution du paysage des menaces non traditionnelles pour la sécurité, en particulier la cybersécurité et la cybercriminalité, a fait l’objet d’un débat. Les dirigeants ont souligné la nécessité d’une coopération internationale et de cadres de gouvernance pour faire face aux cybermenaces transfrontalières, protéger les infrastructures critiques et lutter contre la cybercriminalité.

Politique de contenu. Les dirigeants ont abordé la question de la propagation inquiétante de la désinformation et des fausses informations, amplifiée par l’IA et les plateformes de médias sociaux. Ils ont souligné les risques pour la démocratie ainsi que l’augmentation de la violence et des conflits dans le monde réel provoqués par les discours de haine et la désinformation en ligne. Les efforts pour lutter contre la désinformation comprennent des propositions pour une charte des droits numériques et un code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques.

Économie. L’importance d’adopter la technologie numérique et d’encourager l’innovation pour renforcer les économies a été accentuée. Les efforts visant à réduire les barrières commerciales, à rechercher des accords de libre-échange et à passer à des économies numériques et vertes ont été mis en exergue.
Droits de l’Homme. Les dirigeants ont exprimé leurs préoccupations concernant la surveillance en ligne, la collecte de données et les violations des droits de l’Homme. Ils ont appelé à des approches centrées sur l’homme et fondées sur les droits de l’Homme pour le développement et le déploiement des technologies.

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Faut-il laisser l’IA halluciner ?

Cette année, les experts humains de Diplo ont été rejoints par DiploAI pour analyser les discours. Ils ont distillé des points clés et repéré des schémas dans les discours, y compris des cas où l’IA a halluciné, créé de fausses informations ou déformé la réalité. Jovan Kurbalija, de Diplo, suggère que nous devrions peut-être la laisser faire dans son dernier article de blog intitulé : « Diplomatic and AI hallucinations » (hallucinations diplomatiques et IA) : comment sortir des sentiers battus pour résoudre les problèmes mondiaux ?

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La carte du monde met en évidence les pays qui ont abordé les questions numériques lors de l’AGNU 78.

La vision de l’UE en matière de numérique et d’IA en 2023 : discours de Mme von der Leyen

Dans son discours sur l’état de l’Union en 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exposé sa vision de l’avenir numérique de l’Europe, en mettant particulièrement l’accent sur le rôle de l’IA. Le discours a mis en lumière les réalisations de l’Europe dans le domaine numérique ainsi que les mesures prises pour relever les défis et saisir les possibilités offertes par l’IA et les technologies numériques.

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Mme von der Leyen prononçant son discours. Source : Commission européenne

L’investissement de l’Europe dans la transformation numérique

La présidente von der Leyen a commencé par mettre en avant l’importance de la technologie numérique dans la simplification des activités commerciales et de la vie quotidienne. Elle a souligné que l’Europe avait dépassé son objectif d’investissements dans les projets numériques dans le cadre de NextGenerationEU, les États membres utilisant ce financement pour numériser des secteurs clés tels que les soins de santé, la justice et les transports.

Gérer les risques numériques et protéger les droits fondamentaux

Toutefois, la présidente a également reconnu les défis posés par le monde numérique, notamment la désinformation, les contenus préjudiciables et les risques pour la vie privée. Elle a relevé que ces problèmes érodaient la confiance et violaient les droits fondamentaux. Pour contrer ces menaces, l’Europe a pris l’initiative de protéger les droits des citoyens grâce à des cadres législatifs tels que le DSA et le DMA, qui visent à créer un espace numérique plus sûr et à responsabiliser les géants de la technologie.

Le rôle de l’IA 

La présidente von der Leyen a insisté sur le potentiel de l’IA à révolutionner les soins de santé, à accroître la productivité et à lutter contre le changement climatique. Mais elle a également mis en garde contre la sous-estimation des menaces réelles occasionnées par l’IA. Citant les préoccupations des principaux développeurs et experts de l’IA, elle a souligné l’importance d’atténuer les risques liés à l’IA à l’échelle mondiale.

Les trois piliers d’un cadre d’IA responsable

La présidente a exposé trois piliers clés pour le pilotage de l’Europe dans l’élaboration d’un cadre mondial pour l’IA : les garde-fous, la gouvernance et l’orientation de l’innovation.

  1. Garde-fous : veiller à ce que le développement de l’IA reste centré sur l’homme, transparent et responsable. La loi sur l’IA, une loi globale sur l’IA favorable à l’innovation, a été présentée comme un modèle pour le monde entier. Il s’agit maintenant d’adopter rapidement les règles et de passer à la mise en œuvre.
  2. Gouvernance : établir un système de gouvernance unique en Europe et collaborer avec des partenaires internationaux pour créer un groupe d’experts mondial similaire au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour l’IA. Cet organe fournirait des informations sur l’impact de l’IA sur la société et garantirait des réponses coordonnées au niveau mondial.
  3. Guider l’innovation : tirer parti du rôle prépondérant de l’Europe dans le domaine des supercalculateurs en mettant à la disposition des jeunes pousses de l’IA des ordinateurs à haute performance pour l’entraînement de leurs modèles. En outre, il est essentiel de favoriser un dialogue ouvert avec les développeurs et les entreprises d’IA, à l’instar des règles volontaires de sûreté, de sécurité et de confiance adoptées par les grandes entreprises technologiques aux États-Unis.


Commission ad hoc sur la cybercriminalité : principaux enseignements de la 6e session

La 6e session du Comité ad hoc sur la cybercriminalité a terminé ses travaux, mais de nombreuses questions restent en suspens. Alors que le dernier volet est prévu pour février 2024, les États ne se sont toujours pas mis d’accord sur l’utilisation des termes « cybercriminalité » ou « TIC à des fins malveillantes » dans la convention.

Le dernier projet (mis à jour le 1er septembre 2023) a également suscité un débat entre les États sur le champ d’application de la convention, la Chine et la Russie s’inquiétant du fait que le paysage évolutif des technologies de l’information et de la communication (TIC) n’a pas été pris en compte de manière adéquate. En ce qui concerne la criminalisation des infractions, la Russie a souligné la nécessité de sanctionner l’utilisation des TIC à des fins extrémistes et terroristes, et, avec la Namibie et la Malaisie, entre autres pays, a soutenu l’inclusion des actifs numériques dans le blanchiment des produits de la criminalité. Dans le même temps, certains pays, dont le Royaume-Uni et l’Australie, se sont opposés à leur inclusion, affirmant qu’ils n’entraient pas dans le champ d’application de la convention.

Les dispositions relatives aux droits de l’Homme ont suscité des inquiétudes non seulement parmi les États, mais aussi parmi les parties prenantes. Microsoft a notamment déclaré que les dispositions actuelles inscrites dans le dernier projet pourraient être « désastreuses pour les droits de l’Homme ». En ce qui concerne les mesures de protection des données, l’Afrique du Sud, les États-Unis et la Russie ont proposé la collecte de données relatives au trafic et l’interception de données relatives au contenu. Dans le même temps, Singapour et la Suisse se sont opposés à cette proposition, l’UE soulignant que de telles mesures constituent une menace pour les droits de l’Homme et les libertés fondamentales.

Les négociations sur la coopération internationale ont également rencontré des difficultés, la Russie rappelant l’importance d’établir une distinction entre le lieu de conservation des données et les lieux de traitement, de stockage et de transmission des données, notamment dans le cadre de l’informatique dématérialisée (cloud computing). Pour résoudre le problème de la « perte de localisation » des données, la Russie a proposé de se référer au deuxième protocole de la Convention de Budapest. En revanche, des pays comme le Pakistan, l’Iran, la Chine et la Mauritanie ont proposé d’inclure l’article 47 bis sur la coopération entre les autorités nationales et les fournisseurs de services. Pour l’essentiel, cette coopération devrait porter sur le signalement des délits de cybercriminalité tels qu’établis par la convention, le partage d’expertise, la formation, la préservation des preuves électroniques et la garantie de la confidentialité des demandes reçues des autorités chargées de l’application de la loi.

Une proposition intéressante a été faite par le Costa Rica et le Paraguay pour inclure le mot « durabilité » dans les articles 52 et 56 afin de fournir une assistance efficace et de traiter l’impact sociétal de la cybercriminalité.
La question reste donc ouverte : existe-t-il déjà un traité ? Les États se sont-ils mis d’accord sur les dispositions ? Non. Les États tiendront-ils leur dernier round en février 2024 ? Oui. Que se passera-t-il en cas d’absence de consensus ? Le Bureau de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) interviendra et confirmera que les décisions seront prises à la majorité des deux tiers des représentants présents et votants.

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À venir : FGI 2023

L’édition 2023 du Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI) se tiendra à Kyoto, au Japon, du 8 au 12 octobre, sur le thème « L’Internet que nous voulons – l’autonomisation de tous ».

Le programme s’articule autour de huit sous-thèmes :

  • IA et technologies émergentes ;
  • éviter la fragmentation de l’Internet ;
  • cybersécurité, cybercriminalité et sécurité en ligne ;
  • gouvernance des données et transparence ;
  • fractures numériques et inclusion ;
  • gouvernance numérique mondiale et coopération ;
  • droits de l’Homme et libertés ;
  • durabilité et environnement.

Le Forum comprendra environ 300 sessions, avec une pléthore de présentations, y compris des sessions de haut niveau, des sessions principales, des ateliers, des forums ouverts, des séances de discussion éclair, des lancements et des récompenses, des sessions de mise en réseau, des événements du jour 0, des sessions de coalition dynamique, et des sessions d’initiatives nationales et régionales (NRI).

En outre, le village du FGI, où 76 exposants présenteront leur travail, sera ouvert aux visiteurs.

Restez informé sur les rapports du GIP !

La Geneva Internet Platform sera activement impliquée dans l’IGF 2023 en fournissant des rapports sur les sessions de l’IGF pour la 9e année consécutive. Cette année, nos experts humains seront rejoints par DiploAI, qui générera des rapports sur toutes les sessions du FGI.

Nous publierons également des rapports quotidiens sur le FGI tout au long de la semaine, et un rapport final sera publié au terme du FGI.

Ajoutez un signet à notre page dédiée à IGF 2023 sur le Digital Watch Observatory ou téléchargez l’application pour recevoir les rapports. Abonnez-vous pour avoir accès à des bulletins d’information quotidiens.

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Si vous assistez au FGI de Kyoto, passez par notre kiosque Diplo et GIP. Si vous participez à la conférence en ligne, visitez notre espace dans le village virtuel.


Actualités de la Francophonie

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L’OIF organise un Café numérique francophone sur la « Découvrabilité et diversité culturelle et linguistique dans l’espace numérique » pour les délégations francophones auprès des Nations unies à New York

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Suite à la publication de sa Contribution au Pacte numérique mondial (PNM) en avril 2023, remise à l’Envoyé pour les technologies des Nations unies le 03 mai 2023, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a mis en place les « Cafés numériques francophones ». Ce rendez-vous bimensuel a pour objectif de renforcer la sensibilisation des diplomates et experts francophones en charge du numérique au sein des Missions permanentes des Nations unies sur les implications diplomatiques des développements numériques, de faire un état des lieux régulier sur les processus en cours, d’encourager la concertation francophone à New York et, in fine, de favoriser une meilleure coordination des positions. Cette sensibilisation s’inscrit aussi dans le cadre du programme « D-CLIC, formez-vous au numérique » et de son volet 3 sur la sensibilisation à la gouvernance du numérique. 

Ainsi, le deuxième « Café numérique francophone » couvre le thème de la « Découvrabilité et diversité culturelle et linguistique dans l’espace numérique » et aura lieu le 26 octobre 2023. Ce thème n’est pas anodin puisqu’il est une des propositions faites par l’OIF dans sa Contribution au PNM en complément des thèmes élaborés par les Nations unies : « Promotion de la diversité culturelle et linguistique dans le numérique ». L’OIF y plaide la défense de la diversité culturelle et linguistique dans l’espace numérique à travers un fort plaidoyer en faveur de la « découvrabilité » des contenus en ligne. 

En effet, l’environnement numérique ne répond pas suffisamment aux enjeux du multilinguisme et le risque d’exclusion d’une grande partie des expressions culturelles induit par la « plateformisation » des modes de consommation et de distribution des contenus doit être pris en compte. Ce risque doit être atténué par des mesures propres à assurer la découvrabilité de tous les contenus sur la Toile. Ainsi, l’univers numérique doit refléter cette diversité en créant un écosystème favorable à l’affirmation et à la valorisation d’un pluralisme culturel et linguistique excluant tout monopole de la pensée ou forme d’hégémonie culturelle. Cela est d’autant plus opportun avec la montée en puissance de l’Intelligence artificielle (IA), et la manière dont les algorithmes génèrent du contenu dans différentes langues, ayant donc un impact sur la visibilité et la découvrabilité du contenu francophone en ligne. Il est ici question de l’importance de la gouvernance des algorithmes au service de la diversité et de la découvrabilité dans le cyberespace. La promotion de la richesse et la diversité culturelles de demain se feront notamment sur Internet et il est essentiel de construire dès maintenant l’environnement qui permettra de les sauvegarder. Ce seront les enjeux de ce thème qui sera animé par Monsieur Destiny Tchehouali, Professeur de communication internationale au Département de Communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et co-titulaire de la Chaire Unesco en communication et technologies pour le développement.

Au-delà de la sensibilisation et du renforcement des compétences sur des thématiques liées au développement du numérique, ce dialogue permettra de favoriser des convergences et positions communes de diplomates et délégations francophones au sein de différentes instances à New York, et notamment durant les négociations intergouvernementales qui s’ouvriront en décembre 2023 sur le PNM.

Le Groupe de travail exécutif sur le numérique (GTEN) rend son rapport et ses recommandations pour renforcer l’action de la Francophonie dans le champ du numérique

La Secrétaire générale de la Francophonie Louise Mushikiwabo a reçu des mains de l’Ambassadeur suisse Martin Dahinden le Rapport du groupe de travail exécutif la Gouvernance du numérique.

Ce rapport, mandaté par le Sommet de Djerba des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, a pour objectif de clarifier la valeur ajoutée de la Francophonie en général, et de l’OIF en particulier, dans la gouvernance du numérique. Il a été élaboré par un groupe de travail, le Groupe de travail exécutif sur le numérique (GTEN), constitué d’un nombre restreint de membres de haut niveau issus de pays représentatifs des territoires formant l’espace francophone. Placé sous la Présidence de l’Ambassadeur suisse Martin Dahinden, il est composé d’experts du Bénin, du Canada/Québec, de la République Démocratique du Congo, de la France, du Maroc, de la Roumanie, du Vietnam et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

De juin à septembre 2023, le Groupe s’est réuni à sept reprises et s’est notamment fondé sur plusieurs documents de référence de la Francophonie (Relevé des décisions, XVIIIe Conférence des chefs d’État et de gouvernement membres de l’OIF – 19 et 20 novembre 2022, Stratégie de la Francophonie numérique 2022-2026, Contribution de la Francophonie au Pacte numérique mondial) pour réfléchir de manière collaborative et itérative aux enjeux du numérique dans l’espace francophone. 

Le rapport contient donc des axes prioritaires et des recommandations pour renforcer l’action de la Francophonie et de ses membres dans le champ du numérique. Il s’attache à faire des propositions opérationnelles sur chaque thématique suivante : la réduction de la fracture numérique et accès au numérique pour les populations de l’espace francophone ; le renforcement des capacités des acteurs nationaux et régionaux, avec une attention particulière aux femmes et aux jeunes ; les voix francophones dans la gouvernance du numérique, notamment à travers la consolidation des initiatives entre pays francophones en matière de régulation du numérique ; la découvrabilité du contenu francophone en contribuant à accroître la visibilité des contenus francophones en ligne ; et enfin la promotion de l’innovation numérique responsable, inclusive et respectueuse des droits de l’Homme.

La Secrétaire générale de la Francophonie, qui a placé le numérique au cœur de son action, s’est engagée à porter ces propositions devant les Ministres des Affaires étrangères de l’espace francophone qui se réuniront lors de la Conférence ministérielle de la Francophonie à Yaoundé les 4-5 novembre prochains.

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Source de la photographie : OIF

L’OIF intervient au Forum Régional de Développement de l’UIT pour l’Afrique 2023 (Addis Abeba, 03-05 octobre 2023)

L’Organisation internationale de la Francophonie à travers sa Représentante permanente auprès de l’Union africaine, Mme Néfertiti Tshibanda, a pris part à Addis Abeba au Forum régional de développement de l’UIT pour l’Afrique (RDF-AFR) portant sur le thème : « Transformation numérique pour un avenir numérique durable et équitable : Accélérer la mise en œuvre des ODD en Afrique ». La session de haut niveau à laquelle a pris part Mme la Représentante avait comme thématique de discussion le développement et la transformation numériques de l’Afrique, avec les populations au cœur de ce processus. Lors de son intervention, Mme la Représentante est largement revenue sur l’historique de l’engagement et de la vision de la Francophonie pour le développement du numérique, l’action de l’OIF dans le domaine du renforcement des compétences numériques des populations francophones à travers notamment le programme D-CLIC mais aussi son engagement dans le domaine de la gouvernance du numérique. La diversité culturelle et linguistique dans l’espace numérique avec la découvrabilité des contenus en ligne est un des sujets privilégiés de l’action de l’OIF dans le champ de la gouvernance du numérique. Il fait d’ailleurs partie des deux thématiques (renforcement des capacités numériques et promotion de la diversité culturelle et linguistique dans le numérique) adjoints par l’OIF aux 7 sujets initiaux proposés par les Nations unies pour le Pacte numérique mondial. Pour rappel, l’OIF a remis sa contribution complète au Pacte numérique mondial à l’Envoyé pour les technologies des Nations Unies et l’a présenté aux délégations francophones à New York le 03 mai 2023.

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Les Autorités de protection des données personnelles de l’espace francophone se réunissent au Maroc lors de la 14e conférence de l’AFAPDP 

La Commission Nationale de Contrôle de la Protection des Données à Caractère Personnel (CNDP) du Maroc a accueilli la 14e conférence de l’Association Francophone des Autorités de Protection des Données Personnelles (AFAPDP) le 2 octobre 2023 à Tanger (Maroc). Cette conférence avait pour thème principal : « Enjeux des relations DPAs-GAMMAs : Exemple du Web scraping ». 

Le moissonnage de données (web scraping) peut présenter des enjeux et défis majeurs pour la protection de la vie privée. L’extraction automatisée de données à partir du web peut impliquer l’aspiration de données personnelles, notamment sur les réseaux sociaux. Elle peut donc poser des problèmes par rapport aux principes et réglementations sur les données personnelles. 

Il est à rappeler qu’avec 11 autres autorités de protection des données (Data protection authorities d’Australie, Canada, Royaume-Uni, Hong Kong, Suisse, Norvège, Nouvelle-Zélande, Colombie, Jersey, Argentine et Mexique) dans le monde, la CNDP avait déjà signée en août 2023 une lettre destinée aux GAMMAs (Google, Apple, Meta, Microsoft et Amazon) et d’autres réseaux sociaux comme X Corp (ex-Twitter) ou encore ByteDance Ltd (TikTok) pour les inviter à prendre des dispositions permettant de minimiser les risques d’atteinte à la vie privée pour les utilisateurs. 

En savoir plus : https://www.afapdp.org

Événements à venir :

  • Conférence du Réseau francophone des régulateurs des médias – REFRAM (2023, Dakar), date à confirmer (https://www.refram.org)
  • Conférence du Réseau francophone de la régulation des télécommunications – FRATEL (25-26 octobre 2023, Rabat, Maroc) : Comment renforcer l’objectif de satisfaction des utilisateurs dans la régulation ? (https://www.fratel.org/)
  • Participation de l’OIF à l’Assemblée générale annuelle de l’ICANN (ICANN 78), Société pour l’attribution des noms de domaines et des numéros sur Internet (21-26 octobre 2023, Hambourg)